Un pique-nique pour la Pachamama et la liberté à Anderlecht

Un pique-nique pour la Pachamama et la liberté à Anderlecht

853 853 Nous sommes le Front de mères

Chaque été, le Front de mères Belgique organise un pique-nique dans un parc à Anderlecht, quartier populaire de Bruxelles.
Un pique-nique, c’est une activité conviviale, gratuite où mamans et enfants peuvent se rencontrer dans une atmosphère joyeuse et décontractée.

C’est un peu de nature dans la ville, un peu de liens dans l’individualisme urbain, un peu de joie dans la monotonie des vacances sans départ.

Célébrer la Pachamama

Nous en profitons pour célébrer el dia de la Pachamama.

La Pachamama représente la déesse Terre dans les pays d’Amérique latine.  Cette journée vise à remercier la Terre pour les offrandes qu’elle a accordées durant l’année passée et elle est également invoquée pour que l’année à venir soit fructueuse.

« La Pachamama est une divinité dont le système sanguin serait l’eau de la terre. »

Cette tradition – interdite pendant longtemps par les colons – reste fortement ancrée et présente pour de nombreux peuples de culture andine. En général, un trou est creusé dans la terre et une offrande (graines, semences, etc.) y est déposée.

Nous avons décidé d’y planter un olivier, en signe de soutien au Peuple Palestinien victime de génocide, dont la terre est ravagée par les bombardements.


L’an passé, l’événement avait eu lieu au stade Verdonck, piste d’athlétisme désaffectée et laissée à l’abandon (voir l’article Un stade abandonné reprend vie grâce aux habitants d’un quartier populaire) – pour exiger sa réouverture, que nous n’avons toujours pas obtenue mais c’est en cours (nous ne baissons jamais les bras).

Peterbos : répondre aux mesures liberticides

Cette année, nous avons choisi le Peterbos pour une raison bien précise : répondre à des mesures communales liberticides.

Une ordonnance injuste et discriminatoire

Peterbos est une grande cité de logements sociaux, une dizaine d’immeubles-tours dans un grand parc. Le quartier est caractérisé par sa forte concentration de logements sociaux et une population socio-économiquement vulnérable.

Le quartier figure parmi les plus pauvres de Bruxelles (48,5 % de sans-emploi en 2012).

Récemment, la question du trafic de drogue a été très médiatisée. Une opération de police de 800 policiers a été déployée, sans résultat notoire. Le quartier a été stigmatisé et considéré comme dangereux.

Depuis le début de l’été, une ordonnance de police interdit l’accès aux espaces publics du Peterbos à toute personne qui n’y réside pas, sous peine d’une amende de 350 €.
La seule exception : un motif professionnel.

Cette mesure, présentée comme visant la « sécurité », a en réalité renforcé l’isolement des habitant·es.
Impossible pour elles et eux d’accueillir leurs familles ou amis sans risquer une sanction.

➡️ Exemple marquant : un enfant du Peterbos a dû fêter son anniversaire seul, car aucun camarade n’a pu venir par peur de l’amende.

Répondre par la désobéissance civile

Face à cette absurdité, nous avons décidé d’organiser notre pique-nique comme un atelier de désobéissance civile.
On nous disait de ne pas aller au Peterbos : nous y sommes allées, ensemble, pour occuper l’espace public et montrer que la stigmatisation des quartiers populaires repose sur un éventail de fake news.

Le pique-nique en mode auberge espagnole était géant et varié : du mekloub palestinien, des boreks kurdes, des salades, de la pastèque… ll y en avait pour tous les goûts.

Une journée festive et politique

La journée a été rythmée par :

  • une cérémonie et un rituel pour la Pachamama, reliant nos luttes locales aux combats pour la Terre,
  • des ateliers dessins et tags pour les enfants,
  • un château gonflable entièrement fabriqué à partir de matériaux recyclés.

Au-delà de la fête, ce moment se voulait politique.

Prises de parole et poèmes ont fait le lien entre :

  • la protection de la Terre,
  • la solidarité dans nos quartiers,
  • la dénonciation du génocide et de l’écocide en cours en Palestine.

Tout cela en musique, du Burkina Faso au Chili, en passant par Cuba et la Palestine.

Mettre en pratique l’écologie populaire

L’écologie populaire est devenue une mode. Tout le monde en parle.

Pour nous, elle ne doit pas rester deux mots vides de sens, répétés par le monde associatif et universitaire.
Elle doit se concrétiser dans des actions locales, dans nos quartiers, pour nos enfants, tout en étant ouverte sur le monde et les enjeux internationaux.

Au Peterbos, le pari a été tenu :
👉 On a bravé l’interdiction.
👉 On a soutenu les habitants.
👉 On a répondu à la stigmatisation par de la joie de vivre.