Article paru dans la revue « Après-demain », « L’écologie à l’épreuve de la confiance » au 1er trimestre 2020. Lien de l’article complet : Article.
Quartiers populaires, conscientisation écologique et libération
Par Fatima Ouassak.
L’écologie, en France, est un objet et un projet politique très situé historiquement et socialement. Elle n’est pas neutre. Elle n’est pas épargnée par les rapports sociaux de domination, qu’elle traduit, et qui la traversent. La question de « l’écologie dans les quartiers populaires » émerge de plus en plus dans le débat public. Surtout pour déplorer que l’écologie intéresse peu les habitants de ces quartiers. Mais pour traiter correctement ce sujet, il serait nécessaire de poser les questions suivantes. Qui sont les écologistes, militants et penseurs ? Quel est leur profil sociologique ? Où se situent les espaces dédiés à l’écologie dans les territoires ? Quel est le point de vue, quels sont les enjeux défendus, les combats prioritaires ? Qui délimite les champs de réflexion et d’action de l’écologie ?
Et qui serait légitime pour répondre à toutes ces questions dans les espaces académiques, politiques et médiatiques ?
Ces questions ne sont évidemment jamais posées. Aussi parce qu’il y a aujourd’hui la volonté sincère de la part de beaucoup de militants écologistes de vouloir « emmener tout le monde » dans la lutte écologiste, puisqu’il s’agit de vie et de mort. Avec cette idée que face au risque « d’effondrement écologique » qui nous concernent « tous », il faut « faire fi des divisions » sous peine d’en être tous victimes « de la même manière ».
Alors dans les milieux militants et politiques, on préfère s’interroger sur les raisons pour lesquelles les classes et quartiers populaires, pourtant les plus touchés par le désastre écologique présent et à venir, ne s’intéressent pas à l’écologie…