Halloween, fête commerciale made in USA… et acte de désobéissance civile à Bruxelles

Halloween, fête commerciale made in USA… et acte de désobéissance civile à Bruxelles

2560 1498 Nous sommes le Front de mères

Vendredi 17 octobre, c’était la journée mondiale de lutte contre la pauvreté.

Vendredi 17 octobre, à Anderlecht, un immeuble occupé depuis plusieurs mois par des familles sans-papiers a été encerclé par la police. Un rassemblement de soutien avait été organisé. Les policiers ont matraqué tout le monde. Ils ont lancé des gaz lacrymogènes dans l’immeuble alors que les mères et les enfants y étaient réfugiés. Ils ont utilisé une autopompe.

Cette extrême violence pour expulser des sans-papiers. Les mettre à la rue. Garder vide un immeuble vide.

Toutes les affaires des occupants ont été jetées dans une benne à ordure. Les meubles, les jouets des enfants, les vêtements… tout. Rien n’avait de valeur aux yeux de l’État, mais pour les gens, pour les enfants, c’était tout ce qu’ils possédaient. Leur monde.

Des images de cette violence ont circulé. Elles nous ont laissé avec un sentiment d’incompréhension et de révolte : nous ne voulons pas d’une société qui matraque les plus pauvres, qui garde des immeubles vides au nom du sacro-saint droit de propriété, qui laisse des gens dormir dehors, qui traumatise des enfants.
Nous ne voulons pas vivre dans cette société-là.

Nous voulons une société radicalement différente. Une communauté dans laquelle on prend soin les un(e)s des autres. Dans laquelle on s’occupe de nos enfants avec amour et bienveillance. Dans laquelle on n’a pas peur. Dans laquelle on ne doit pas acheter des objets pour être heureux.

Alors nous avons organisé une fête d’Halloween.

Les enfants sont en vacances. Ils sont traumatisés par la violence policière à laquelle ils ont assisté. Leurs mamans aussi. On leur a organisé un moment de détente pendant lequel elles pouvaient déposer toute cette violence subie. Elles ont pu parler avec une pédiatre et une psychothérapeute systémique, raconter cette journée, exorciser leurs peurs et leurs pertes, mais aussi dire leurs espoirs.

Pendant que les mamans parlaient, on cuisait des gaufres. Les enfants se sont déguisés en pirates ou en sorcières, se sont maquillés, ont dessiné des citrouilles et enfilé des perles pour faire des colliers.

Il y avait de la musique, on a dansé. Il y avait des bonbons et des jouets à donner pour tout le monde. Les enfants du quartier nous ont rejoins dans un joyeux tintamarre.

Fatiha nous a raconté une histoire qui s’est passée il y a vraiment pas longtemps… Une histoire où des loups-garous attaquaient des gens pour les manger et où tous les villageois venaient les défendre, de gentilles sorcières fabriquaient une potion magique pleine de « je t’aime » pour empêcher les méchants de manger les gentils.
(toute ressemblance avec des faits réels et récents n’étant pas du tout fortuite)

Ce n’était pas juste une fête d’Halloween. C’est un autre projet de société. Un projet féministe et radical, qui met le soin au cœur de toute dynamique. Un moment où tout est gratuit, tout est facile, tout le monde est gentil et tout le monde est joyeux.

Naïf ? Peut-être.
Utopique ? Certainement.

Ce n’était pas juste une fête, c’était un acte de résistance, de désobéissance. À votre violence, nous répondons avec notre joie, notre force tranquille, notre indéfectible espoir.

La joie est un acte de résistance.

Carte blanche

Carte blanche à lire : Expulsion violente au square de l’Aviation : consternation et incompréhension


👉 https://www.ieb.be/Expulsion-violente-au-square-de-l-Aviation-consternation-et-incomprehension